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Le documentaire Inside Job est une mine d’or pour la crise de 2008. Il présente de manière détaillée mais claire les éléments de celle-ci. Je vais donc vous proposer un résumé de ce documentaire.

Il me semble qu’il n’est plus accessible sur Netflix. Mais si vous avez la possibilité de le regarder en entier, n’hésitez pas, il se regarde très facilement, bien qu’il dure plus d’une heure et demi.

Introduction :

En septembre 2008, la plus grande crise financière depuis 1929 touche les États-Unis. 30 millions de personnes perdent leur emploi. La dette américaine double.

  1. Comment en est-on arrivé là ?

Après la crise de 1929, il y a eu 40 ans de croissance économique stable aux Etats-Unis. Mais cela s’explique car il y a eu une régulation forte de la finance (Glass Steagall Act en 1933). Cela a permis d’assurer la stabilité financière aux Etats-Unis par des règles strictes. Les années 80 quant à elles sont des années de dérégulation.

Cette dérégulation culmine en 1999 avec l’abrogation du Glass Steagall Act. En 2001, la bulle internet est la première conséquence de cette dérégulation. En effet, on voit la naissance de produits dérivés qui sont censés stabiliser l’économie américaine et qui ont en fait largement été facteur d’instabilité.

Un exemple : Les CDO. Ce sont des paquets de titres complexes. Il y a des organismes de prêts (les banques notamment) qui accordent des prêts. Ces prêts sont plus ou moins risqués. On crée des paquets de titres regroupant plusieurs titres de prêts risqués et de prêts non risqués. C’est censé diversifier le risque. En gros, si le titre risqué ne vaut plus rien (ce qui arrive fréquemment pour un titre risqué), le titre qui contient les plusieurs titres a seulement peut être perdu de la valeur mais vaut encore quelque chose grâce à la valeur des titres non risqués qui ont peut de chance de s’écrouler.

Cette titrisation a rendu complexe le système financier si bien qu’il devenait impossible de savoir d’où venait les titres.

Un problème est que les agences de notation notent tout ces titres (qui sont quand même risqué) avec la note maximale AAA (qui veut dire que le titre n’est pas du tout risqué).

Il y a un problème d’aléa moral, les banques ne supportent plus aucune responsabilité : elles accordent des prêts mais les prêts sont directement rachetés par les plus grosses banques telles que Lehman Brothers. Ainsi, les banques qui accordent les prêts ne prennent aucun risque. Elles n’encourent pas le risque de solvabilité (c’est-à-dire le risque que l’emprunteur ne rembourse pas l’emprunt).

L’aléa moral avait d’ailleurs été défini par Adam Smith comme une situation dans laquelle un agent économique se comporte différemment que s’il supportait le risque qu’il prend. En gros, les banques n’auraient sûrement pas autant prêté si elles supportaient elles-mêmes le risque de ces prêts.

C’est accentué par les primes bonus accordées aux banquiers en fonction des prêts qu’ils accordaient. Ils sont donc incités à en vendre à n’importe qui. Si les premiers clients étaient solvables, à trop vouloir prêter, on finit par prêter à des agents insolvables.

Il y a une incitation à prendre des risques. Les banques ont intérêt à vendre des prêts à un taux d’intérêt le plus élevé. Or, les crédits subprimes étant plus risqués, les taux d’intérêt sont plus élevés, donc meilleure est la rémunération.

 

I. La bulle (2001-2007)

Les CDS (Credit Default Swaps). C’est une assurance qui assure le propriétaire du titre. Le principe est : si un agent achète un titre CDS à une banque pour un titre : il paye en fait tous les mois une prime à la banque, mais, en cas de défaut, la banque s’engage à rembourser totalement le prêt à l’assuré.

Mais le problème est que n’importe qui peut en acheter. C’est-à-dire que sur le même crédit subprimes par exemple, il peut y avoir 50 CDS acheté. On n’a pas besoin d’être réellement propriétaire du titre pour s’assurer contre le défaut de celui-ci. Le CDS devient un formidable outil de spéculation. En effet, ceux qui ont anticipé la crise des subprimes ont acheté des CDS massivement (quand leurs prix étaient au plus bas) et ont touché un gros montant. Plus de 500 milliards de dollars étaient assurés. Cela n’empêchera pas le PDG de AIG, Joseph CASSANO de toucher plus de 315 millions de dollars entre 2000 et 2007.

Même les banques, elles-mêmes émettrices de crédits risqués vont se mettre à parier contre eux. En particulier contre ceux des autres banques. Goldman Sachs va investir 22 milliards de dollars dans des CDS associés à des CDO d’autres banques. Ainsi, si les titres des autres banques s’effondrent, ils vont toucher beaucoup d’argent. On voit ici un conflit d’intérêt : ils encouragent leurs clients à acheter des titres contre lesquels ils misent. Goldman Sachs va plus loin en souscrivant à une assurance dans le cas où AIG (plus grande compagnie d’assurance qui émet des titres CDS) fait faillite.

Autre conflit d’intérêt : Les agences de notation qui vont
aussi beaucoup s’enrichir. Elles étaient
payées par les banques
. Donc forcément, elles avaient intérêt à bien noter
les titres subprimes pour faire plaisir aux banques.

II.La crise.

Bernanke prend la tête de la FED et va tarder à reconnaître la situation de crise : il n’agira qu’à partir de 2009.

Rajan en 2005 avait déjà écrit un article pour décrire les risques pris dans le système financier américain.

Roubini, en 2006 avait fait une conférence décrivant étape par étape comment se passerait la crise des subprimes.

Pendant la crise, la banque anglaise BARCLAYS demande s’il est possible de racheter Lehman Brothers comme les USA ne veulent pas le faire, en échange les organismes de régulation anglais veulent une garantie de la part des États Unis, le secrétaire au Trésor Paulson refuse. Lehman Brothers aurait pu être sauvée et avec elle, de nombreux emplois auraient pu être sauvegardés.

III. Responsabilité.

Les banquiers qui ont pris le plus de risques ont touché beaucoup d’argent, même pendant les deux années de la crise. Ce ne sont pas eux qui ont subi les conséquences des risques qu’ils ont pris.

Fort rôle des lobbys financiers : Aux États-Unis il y a 5 lobbyistes financiers pour 1 membre du congrès américain.

On voit aussi un conflit d’intérêts entre les économistes, qui enseignent l’économie dans les grandes universités américaines. Ils y enseignent les bienfaits de la dérégulation dans les plus grandes écoles de commerce américaines.

Lary SUMMERS par exemple, économiste engagé dans la dérégulation, s’est opposé avant la crise à la régulation des produits dérivés (titrisation des subprimes, les gros paquets risqués).

FELDSTEIN, économiste qui écrit pour la dérégulation, pour la finance, en faveur de la globalisation financière… est aussi présent dans le conseil d’administration d’AIG et touche d’énormes sommes rien qu’en y siégeant. Il enseigne l’économie dans une grande université américaine.

IV.Où en sommes nous maintenant ?

On pourrait relier cette crise et cette dérégulation à la désindustrialisation. Certes, il y a un essor des métiers dans le numérique mais cela suppose une formation dans des grandes écoles qui est très coûteuse aux États-Unis. Bush, 2006 : il réduit les impôts sur les successions, sur les placements financiers. Ce qui a largement profité aux 1% les plus riches. Cela a provoqué  un appauvrissement de la classe moyenne. Ce qui soulève la question de la mobilité sociale (comme pas de taxe sur la succession et référence au paradoxe d’Anderson : pour occuper la même place que leur père les américains doivent dépenser des fortunes en éducation)

De ce fait, le gouvernement Bush a compensé ça en faisant tout pour que la classe moyenne puisse s’endetter. De ce point de vue, les crédits subprimes sont moralement acceptables.

Ensuite, en termes de régulation, OBAMA s’annonce comme régulateur et voulant mettre fin aux folies de la finance. Mais on voit que les principaux postes de conseillers économiques, au trésor, sont revenus à ceux qui avaient accentué la crise : SUMMERS. Obama renomme Bernanke à la FED.

Références intéressantes :

Christine Lagarde : « Les banques font partie du secteur tertiaire, qui est censé servir les autres, pas se servir à lui-même ».

« Quand on commence à penser qu’on peut créer quelque chose
à partir de rien, c’est difficile de résister » LEE HSIEN LOONG, premier
ministre de Singapour.

A la question, « pourquoi ne pas avoir fait d’enquête plus
précise sur les responsables de la crise ? », ROUBINI répond « Parce qu’on
trouverait les coupables ».